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December 6, 1999
 
L'Alcor soulevé comme une mariée

Les experts maritimes du Groupe Desgagnés ont soulevé l'Alcor comme une mariée de son banc de sable à 2,25 milles nautiques à l'est de l'île d'Orléans, hier après-midi, pour ramener le navire sous bonne escorte au port de Québec.

L'échéancier a été devancé de deux jours en raison des prévisions météo. En attendant mardi, l'équipe de renflouement aurait profité de conditions de marée légèrement plus avantageuses, mais aurait été contrainte d'affronter des vents beaucoup plus forts.

Hier, le Saint-Laurent ressemblait à une met d'huile baignant dans le brouillard. Une situation à peu près idéale pour mettre l'opération en marche à la faveur de la marée en fin d'après-midi.

Une trentaine d'hommes répartis dans quatre gros remorqueurs et dans plusieurs bateaux de service ont littéralement dressé un filet autour du navire se déplace latéralement. En pareil cas, le navire peut s'enfoncer encore plus qu'il ne l'est dans le sable », a expliqué le président de Transport Desgagnés, M. Louis-Marie Beaulieu.

Encore en après-midi, hier, les équipes de soudeurs complétaient la mise en place des panneaux d'acier destinés à colmater l'énorme brèche qui s'était formée dans la coque à la suite de l'échouement le 9 novembre.

Vers 15 h, l'équipe Desgagnés était parée à mettre en marche l'opération de renflouement. Ne restait plus qu'à attendre les conditions optimales de marée et de courant qui sont venues une demi-heure plus tard.

Le bateau a commencé à se soulever lentement retenu latéralement par les quatre gros remorqueurs.

Le niveau d'eau dans les cales s'est avéré inférieur à ce qui était prévu. L'infiltration d'eau appréhendée et contrôlée par des pompes dans la cale numéro 3 n'a pas posé de problème particulier aux experts.

Peu après 15 h 30, une voix a jailli des haut-parleurs. « On est à flot. L'arrière du navire pivote sans difficulté. On va commencer dans quelques minutes. »

Vers 16 h, 15 minutes avant le moment prévu, l'Alcor a entrepris sa route vers la section 29-30 du Port de Québec, là où se trouvait la plate-forme Petrobas durant sa construction.

Pour être en mesure de positionner adéquatement le navire dans la voie navigable du Saint-Laurent, les experts ont dû prendre un détour et mettre le cap sur Sault-au-Cochon à cinq milles du lieu de l'échouement.

Opération menée rondement

La facture, en deçà de 3 M$


Louis-Marie Beaulieu, président de Transport Desgagnés, a lancé un immense bravo à son équipe lorsque l'Alcor s'est dégagé de son banc de sable, vers 16 h.

« Je suis très fier de mon équipe. Ce sont des gens extraordinaires. Je tiens à ce qu'ils le sachent. C'était une opération très délicate et ils ont réussi avec beaucoup de maîtrise sur la situation. »

Transport Desgagnés n'en est pas à ses premières armes en matière de renflouements de navires. En 1990, la compagnie a mené avec succès une autre opération très délicate qui avait mené au renflouement du Rio Orinoco, un asphaltier qui s'était échoué dans le secteur de l'île d'Anticosti. « C'était très délicat parce qu'il fallait maintenir la température de l'asphalte pour éviter une explosion dans la cale », explique M. Beaulieu.

Des économies

L'opération d'hiver a été menée si rondement que la facture du Groupe Desgagnés à l'assureur devrait demeurer sous la barre de trois millions de dollars.

« L'évaluation de départ était de trois millions de dollars, mais le prix va être moindre. Je ne pourrais pas dire de combien, mais ça n'atteindra pas trois millions », a déclaré M. Beaulieu.

Le sort réservé à l'Alcor n'est pas encore décidé, soutient Louis-Marie Beaulieu. « C'est l'armateur et l'assureur qui vont avoir à prendre la décision appropriée cette semaine après avoir déchargé les 13 000 tonnes de clinker qui restent dans les cales. »

La remise en état de l'Alcor pourrait représenter un contrat d'envergure pour les chantiers Davie, qui ont déjà remis en état le navire de croisières Norwegian Sky cet automne pour la somme de
9 millions de dollars.

Davie est en train de devenir le « carrossier » du Saint-Laurent, puisqu'un navire de mazout, le Venture, doit arriver à Lévis aujourd'hui ou demain en provenance de Port-Cartier pour être remis en état à la suite d'un échouement survenu au début de la semaine.

Quelque 40 tonnes d'acier seront nécessaires à la réfection du Venture, qui devrait procurer du travail à plusieurs équipes de travailleurs durant une vingtaine de jours en décembre.
 
Le Journal de Québec - Michel Dufour