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| | | Une technique innovatrice dégage le « Rio Orinoco »
Le Groupe Desgagnés est fier de sa réussite
Sept-Îles - « La technique mise au point par notre équipe est totalement innovatrice. C'est une équipe du Québec, une équipe canadienne, qui a réussi le renflouement. J'en suis très fier », a noté hier le président directeur général du Groupe maritime québécois Desgagnés, M. Louis-Marie Beaulieu, après le brillant succès du renflouement du navire « Rio Orinoco ».
M. Beaulieu a de surcroît souligné que personne chez lui n'avait voulu prendre de vacances pour rester sur le coup jusqu'à la fin.
Pendant 10 mois coincé très loin sur le « rif » d'Anticosti, le fameux navire « Rio Orinoco » a finalement été tiré à flot sur le coup de minuit hier, pour être dirigé vers Sept-Îles.
Là où des spécialistes internationaux s'étaient précédemment brisé les dents, le Groupe maritime québécois Desgagnés a réussi l'exploit de renflouer le hauturier de 134 mètres.
Soigneusement préparée pendant sept semaines, la remise en eau du « Rio » s'est effectué sans coup férir.
« Le renflouement s'est déroulé tel que prévu dans notre planification. Nous sommes même une semaine en avance dans notre échéancier. Entre le moment où les deux remorqueurs ont reçu l'ordre d'avancer et où le navire a été libéré, il s'est passé à peine 15 minutes », a résumé le PDG du Groupe Desgagnés.
Le 16 novembre 1990
Le « Rio », qui battait pavillon des îles Caïmans à l'époque, s'est fait prendre par le récif anticostien le 16 octobre avec, dans ses soutes, quelque 9000 tonnes d'asphalte liquide. Très avant sur le « rif », appuyé sur toute sa longueur sur des rocs erratiques, la coque déchirée et ses machines inutilisables, le « Rio » n'a pu être dégagé à l'occasion d'opérations élaborées en fin d'année par des experts d'outre-mer.
Au grand dam de la Garde côtière dont l'appel d'offres, lancé au printemps, précisait que le soumissionnaire choisi devrait réussir sans quoi il ne toucherait pas un cent. Un appel d'offres qui insistait par ailleurs sur les précautions à imaginer pour protéger l'environnement.
Cependant, le Groupe Desgagnés, un spécialiste du transport maritime, a accepté de renflouer ce « Rio » que même les glaces du golfe Saint-Laurent n'avaient pas fait bouger. Une opération de renflouement qui représentait de surcroît un risque pour l'environnement. La soumission, accompagnée d'un dépôt de 3,2 millions $, a reçu en juin l'aval de la Garde côtière parmi plusieurs projets.
« Ils (Groupe Desgagnés) ont sorti le navire. Ils vont être payés », a dit au SOLEIL Richard Lessard, porte-parole de la Garde côtière, manifestement ravi de la tournure des événements.
« Le navire est sorti. Les berges d'Anticosti sont nettoyées du mazout qui s'en était échappé. C'est fini. A la satisfaction de tout le monde ».
La méthodologie appliquée par le groupe a d'abord consisté à chauffer une partie de l'asphalte du « Rio » et à pomper 2300 tonnes dans un autre navire, puis à stabiliser en quelque sorte le bateau échoué en remplaçant cet asphalte par de l'eau de ballast, quitte à la repomper pour l'alléger au moment opportun. C'est-à-dire au moment où une haute marée permettrait de jeter dans la danse deux remorqueurs.
Ce moment de vérité est intervenu à minuit hier.
Virtuellement une ferraille, escorté par le « J.E. Bernier » de la Garde côtière, le « Rio » a été toué à Sept-Îles pour y passer une inspection de quelques jours. Il sera ensuite remorqué jusqu'à Québec.
Le « Rio » est maintenant la propriété du Groupe Desgagnés qui l'a acquis par soumission moyennant 100 000 $ à la suite d'une vente judiciaire ordonnée par la cour fédérale.
Une analyse fouillée déterminera l'avenir du navire ; une évaluation préliminaire établit à 8 ou
10 millions $ le coût des réparations qu'il devrait subir avant d'être éventuellement relancé, a indiqué en substances M. Beaulieu.
« C'est à peu près la valeur des navires semblables de cet âge », a ajouté le PDG de Desgagnés.
De source officielle, la saga du « Rio Orinoco » représente une facture de quelque 10 millions $. | | | |
| Le Soleil |
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